France, époque Louis XV
Bronze ciselé et doré
Le support de chaque candélabre de cette paire en flambeau en forme de balustre torsadée, repose sur une base circulaire à doucine, ornée d’enroulements. Les trois côtés du fût sont ornés de volutes dont les parties centrales, ciselées, sont pourvues d’un décor de fleurs.
De la buse du flambeau, de conception rocaille, émergent trois bras entrelacés et imitant des branches feuillagées en mouvement. Une gerbe en spirale de feuilles jaillit du point où les bras se croisent et s’élève au-dessus du fût. L’ensemble de la partie supérieure de ce candélabre peut être retiré pour former un simple flambeau. Les coupelles et binets sont en formes de végétaux stylisés. De fins décors gravés représentant les armes de Bretagne alternent avec des décors floraux sur la base. Constituées de six mouchetures ou queues d’hermines dans un médaillon encadré de volutes sous un dais, elles sont surmontées d’une couronne ducale sommé d’un panache. Le contour de la base en creux est également orné d’un décor gravé d’entrelacs. Le décor floral gravé se poursuit sur le fût.
Une paire de candélabre au vocabulaire rocaille
Le goût rocaille, épanoui dès les années 1725-1730, trouva dans l’art du bronze doré un terrain de prédilection, parfaitement approprié à la fantaisie et l’extravagance des formes qui caractérisent ce moment de libération de l’art français, sensible jusque vers 1750-1760.
Le style rocaille, encore appelé par les contemporains goût moderne ou genre pittoresque, semble être apparu spontanément peu après la Régence. Abandonnant la tradition classique et une forme de solennité du style Louis XIV, il s’épanouit vers un lyrisme plus gracieux, associant goût du mouvement, de l’éphémère, des effets bizarres, surprenants, comme accidentels à un vocabulaire aquatique fait de coquillages, de mollusques, de concrétions ou encore de feuilles d’eau godronnées. Des dessinateurs ou ornemanistes, tels que Juste-Aurèle Meissonnier, Nicolas Pineau ou Jacques de Lajoüe, par leurs dessins, gravures ou peintures, influencèrent durablement les créateurs. Si aucun nom précis ne peut être avancé quant au créateur de cette paire de candélabres, elle correspond cependant à cet esprit par le mouvement tournoyant de son fût, l’asymétrie de ses branches et les formes déchiquetées du vocabulaire végétal utilisé.
La présence d’armes reflète par ailleurs le prestige de leur commanditaire, vraisemblablement le duc de Bretagne.
Bibliographie
Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaum, Gérard Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, Faton, 2004.
Han Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen, die Bronzearbeiten des Spätbarock une Klassizismus, München, Knauf Museum, 1986, p. 104-105.
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1999.
Francis John Bagott Watson, The Wrightsman collection, volumes I and II, Furniture, Gilt bronzes and Mounted Porcelain, Carpets, New York, Metropolitan Museum of Art, 1966, p. 330.
Bon état général, très légères traces d’usure