France, époque Transition Louis XV-Louis XVI
Bronze ciselé et doré
Cette paire de chenets présente un piédestal feuillagé, mouluré et légèrement bombé sur la face, avec en son centre, un mascaron représentant un homme barbu à tête feuillagée. De chaque côté en ressaut figure une console à enroulement en crosse, à feuillages et à volutes. Un vase ovoïde à piédouche et feuilles déployées surmonte une frise de feuilles de laurier enrubannées, qui termine ce décor. Des guirlandes feuillagées à baies sont tenues par des patères latéraux dont émerge en son centre un col, sommé par un couvercle feuillagé à pomme de pin.
Un bronze Transition
Ce bronze au répertoire néoclassique est caractéristique des formes du début de l’époque Louis XVI. Dès les années 1750, dénonçant les extravagances du rocaille, un petit groupe de critiques aspirait à retrouver la « noble simplicité » des maîtres de l’Antiquité. Le voyage en Italie organisé par la marquise de Pompadour pour former le goût de son frère, Abel Poisson, marquis de Vandières et futur directeur général des Bâtiments du Roi, en compagnie du graveur Charles-Nicolas Cochin, de l’architecte Jacques-Germain Soufflot et de l’abbé Leblanc entre novembre 1749 et mars 1751, est considéré dès l’époque comme marqueur de l’émergence du « goût grec ». Il fut suivi en décembre 1754 de la parution dans le Mercure de France d’une « supplication aux orfèvres, Ciseleurs, sculpteurs en bois pour les appartements et autres […] » par Louis-Sébastien Mercier, véritable plaidoyer en faveur de la ligne droite, du respect des proportions et de l’équilibre, et rappel pressant à la noblesse du répertoire ornemental antique. Répondant à ce nouveau goût, des ébénistes comme Joseph Baumhauer créèrent, dès la fin des années 1750, des meubles aux formes puissantes et au répertoire antiquisant. Rapidement dès les années 1760, face à cette esthétique radicale, les artisans proposèrent des formes aspirant au même discours mais d’un esprit plus nuancé à l’exemple de ce chenet.
Bibliographie
Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen: die Bronzenarbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München, Klinkhardt & Biermann 1986, p. 200.
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987.