France, époque Louis XVI
Bronze ciselé et doré
Chaque chenet est composé d’un vase couvert sommé d’une grenade et d’une frise d’entrelacs. Il se poursuit par un piètement tripode formé de sabots de béliers surmontés de têtes de béliers sur des motifs de volutes ornés de frises de piastres.
Chaque vase repose sur un soubassement orné d’un masque de faune sur sa face, de volutes sur les côtés et d’une base de feuilles d’eau. Les chenets sont de formes incurvées à motif de frise d’entrelacs ajourés vers un second piédestal plus étroits pourvu de cannelures rudentées et sommé de grenades.
Le goût néoclassique et l’influence grecque
Cette paire de chenets s’inscrit parfaitement dans le courant néoclassique des année 1770.
Dès les années 1750, répondant aux réclamations d’un petit groupe de critiques qui dénonçant les extravagances du rocaille aspiraient à retrouver la « noble simplicité » des maîtres de l’Antiquité, commença à apparaître un goût de plus en plus prononcé pour le vocabulaire néoclassique. Le voyage en Italie organisé par la marquise de Pompadour pour former le goût de son frère, Abel Poisson, marquis de Vandières, futur directeur général des bâtiments du Roi, en compagnie du graveur Charles-Nicolas Cochin, de l’architecte Jacques-Germain Soufflot et de l’abbé Leblanc entre novembre 1749 et mars 1751 est considéré dès l’époque comme marquant l’émergence du « goût grec ». Il fut suivi en décembre 1754 de la parution dans le Mercure de France d’une « supplication aux Orfèvres, Ciseleurs, Sculpteurs en bois pour les appartements et autres » par Louis-Sébastien Mercier, véritable plaidoyer en faveur de la ligne droite, du respect des proportions et de l’équilibre, et rappel pressant à la noblesse du répertoire ornemental antique. C’est ainsi que dans les années 1760, ce nouveau goût s’empara de la capitale comme d’une véritable folie. Peintres, ébénistes et bronziers, surent y répondre préfigurant alors le vocabulaire développé à l’époque Louis XVI. Caractéristique du traitement puissant des bronzes de ce courant stylistique, cette paire de chenets, avec son vase tripode aux têtes et sabots de béliers, ses frises de piastres, sa frise d’entrelacs ou ses motifs de cannelures rudentées en présente également tout le vocabulaire.
Bibliographie
Hans Ottomeyer, Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen: die Bronzenarbeiten des Spätbarock und Klassizismus, München, Klinkhardt & Biermann 1986, p. 200.
Marie-Laure de Rochebrune (dir.), El gusto “a la griega”. Nacimiento del neoclasicismo francés, Madrid, Palacio Real, Lisboa, Museo Calouste Gulbenkian, fundaçao Calouste Gulbenkian, 2007.
Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1987.