Paire de tableaux rectangulaires en Compigné constitués de cinq médaillons représentant le port de Marseille

18.000 

France, seconde moitié du XVIIIe siècle
Attribuée à Thomas Compigné
D’après un tableau de Joseph Vernet, Une vue de la fontaine Saint-Jean à Marseille
Étain, or et gouache

Catégorie :

Cette paire de tableaux en Compigné avec vue sur le port de Marseille présente une structure identique. Ils sont composés d’un médaillon central où figure l’illustration principale de part et d’autre duquel se trouvent deux médaillons en ellipse contenant un motif floral. À chaque angle, les écoinçons contiennent des paysages aquatiques dans lesquels sont représentées des scènes de vie quotidiennes. Quelques personnages animent ces paysages ponctués d’habitations au bord de l’eau et entourés de végétation. L’omniprésence de l’eau dans les écoinçons fait écho à la vue principale dans le médaillon central.
Sur le premier tableau de la paire, le médaillon central présente une scène maritime avec vue sur le port de Marseille reconnaissable à la tour à l’arrière-plan, séparé du premier par la mer sur laquelle naviguent un voilier et une barque. Le premier plan représente la côte sur laquelle se tient une femme portant son enfant dans ses bras ainsi qu’une canne à pêche. À sa droite, un homme monte dans une petite embarcation à bord de laquelle se trouve déjà un pêcheur.
Le médaillon central du deuxième tableau de la paire représente une vue de l’intérieur du port. On y voit des personnes s’affairant à remplir des tonneaux d’eau à la fontaine Saint-Jean pour ensuite les charger dans une embarcation. À gauche de cette scène, le mat d’un bateau équilibre la composition. Plus loin sur la droite, le fort Saint-Jean surplombe l’entrée du port. Au loin, un voilier en attente de ravitaillement vient interrompre la ligne d’horizon et apporter de la verticalité à la scène. La couleur du ciel teinté de rose des médaillons centraux ainsi que des écoinçons de la paire de tableaux évoque le début du jour et le réveil d’un port au cœur de l’économie de Marseille.

Les tableaux en Compigné
D’une grande préciosité et variété de matériaux, les tableaux en Compigné étaient réalisés selon un procédé mystérieux à partir d’une feuille d’écaille de tortue ou de papier cartonné sur laquelle était appliquée une feuille d’étain ou d’or. La surface pouvait ensuite être décorée à l’or, à l’argent, à la gouache et aux vernis colorés. Ces « miniatures » connues aujourd’hui sous le nom de Compigné, eurent un très grand succès dans les années 1760. Le petit format, caractéristique de cette production, nécessitait de travailler avec une extrême précision, probablement à l’aide d’une loupe, pour développer le perfectionnement des détails techniques et des coloris.

Thomas Compigné
Arrivé d’Italie probablement vers 1750, Thomas Compigni prit le nom de Compigné en s’installant à l’enseigne du Roi David, rue Greneta à Paris. En tant que tabletier, il était spécialisé dans la fabrication et la vente de boîtes, de jeux de trictrac, de dames et d’échecs, de tabatières et autres poignées de canne en écaille blonde incrustées d’or. Réputé pour la qualité de ses objets, il passa à la postérité par la production de tableaux précieux dont la technique reste aujourd’hui mystérieuse. En 1773, il présenta au Roi deux vues du château de Saint-Hubert et obtint le titre de tabletier privilégié du roi sous Louis XV et sous Louis XVI. Ses thèmes de prédilection sont le plus souvent des vues de villes, monuments et châteaux dans des perspectives de parcs ou de paysages animés de petits personnages.

Joseph Vernet (1714-1789), peintre de marine
Formé dans le sud-ouest de la France, Claude Joseph Vernet devint dès son plus jeune âge un jeune artiste prometteur dans le milieu local. Le marquis de Caumont intervint en sa faveur pour un voyage à Rome, qu’il entreprit en 1734 : à l’étude des grands maîtres de la Renaissance et de l’art antique, il préféra celle des paysagistes et des peintres de marines telle que l’œuvre de Claude Gellée, dit le Lorrain. Sa peinture trouva dans ces genres toute sa résonnance, à tel point que la réussite de Joseph Vernet auprès des commanditaires français, puis italiens et anglais, est attestée dès sa période romaine. Son nom fut bientôt connu dans l’Europe entière, un succès favorisé par les voyages, entrepris notamment par les aristocrates à l’occasion du Grand Tour. En 1745, Joseph Vernet est agréé par l’Académie royale de peinture et de sculpture. En 1753, il rentre en France : il séjourne d’abord à Marseille, où il réalisa plusieurs vues du port sous différents angles, puis il s’établit à Paris. Il reçut alors l’une des commandes les plus importantes de sa carrière grâce à l’intermède du marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, auprès de Louis XV : celle de 27 tableaux représentant « les plus beaux ports du royaume ». Il ne réalisa que 15 toiles, conservées aujourd’hui au Musée national de la Marine et au musée du Louvre, cependant cette série des Vues des ports de France assura sa complète postérité.

Bibliographie
Plaisir de France, « Les Compignés et leurs créateurs, ces délicats chefs-d’œuvre de la tabletterie au XVIIIe siècle », n° 427, mars 1975.
Compigné, peintre et tabletier du Roy, catalogue d’exposition, Grasse, Villa-Musée Jean-Honoré Fragonard, juin-juillet 1991.

Bon état général

Informations complémentaires

Dimensions 14,5 × 10,5 cm